J'ai quinze ans et je ne veux pas mourir suivi par 1999

 

 
Titre original
  J'ai quinze ans et je ne veux pas mourir
 
 


© Le Livre de Poche
 

 

Titre

 

J'ai quinze ans et je ne veux pas mourir suivi par Il n'est pas si facile de vivre

Éditeur Librairie Générale Française / Le Livre de Poche
Lieu d'édition Paris, France
Année de l'édition 1999
Année du copyright  1955 et 1957 (Fayard)
Langue Français
Genre Autobiographie
Remarque Grand Prix Vérité 1954
 
 
 
Présentation du livre par l'éditeur
Dans le conflit mondial qui ravage le continent européen de 1939 à 1945, la Hongrie est restée longtemps hors des atteintes de la guerre. Et puis, à son tour, elle est en feu. Les Allemands, qui y sont entrés en maîtres, se sont retranchés dans Budapest et entendent défendre la ville, qu'assiègent les Russes.
C'est ce siège de deux mois, vécu dans la cave de leur immeuble, pris, au bord du Danube, sous les feux croisés des belligérants, que raconte Christine Arnothy. Ils sont là une douzaine à attendre l'avancée russe avec l'espoir qu'elle marquera la fin de l'oppression et de l'horreur.
Mais bientôt, les parents de Christine décident de quitter le pays. Ils aboutissent dans un camp de réfugiés en Autriche, d'où Christine veut s'arracher à tout prix. Cette existence recommencée est le thème de Il n'est pas si facile de vivre qui fait suite à J'ai quinze ans et je ne veux pas mourir. Et sa sobriété même rend le témoignage d'autant plus poignant sur ce qui fut le sort de tant de gens, de trop de gens, pendant et après la seconde guerre mondiale.

© Le Livre de Poche et Christine Arnothy

 

Extrait du livre

Chapitre 1

L'arrivée de Pista, ce soir-là, nous apparut comme une délivrance. La nuit était presque tombée, mais nous ne savions pas ce qui était la nuit, ni ce qui était le jour, enterrés que nous étions dans cette cave moisie d'un immeuble en bordure du Danube.

Les montres continuaient, cependant, de marquer l'heure avec sérénité, les aiguilles couraient sans hâte autour du cadran : y avait-il deux semaines ou deux ans que nous vivions comme des taupes ?

Y aurait-il un "aujourd'hui", un "demain", ou bien une éternité de caves obscures et enfumées ?

Les trois premiers jours passèrent assez vite. À chaque craquement de l'escalier, nous pensions : voilà les Russes, les combats ont pris fin près d'ici, nous pourrons remonter dans nos chambres et renouer le fil de notre existence là où il a été brusquement interrompu : terminer la lecture du livre à moitié lu, reprendre la sonate dont la partition se trouve encore ouverte sur le piano, rouvrir le cahier recouvert de papier bleu pour y achever une rédaction hongroise.

Au cinquième jour de notre exil dans les souterrains, il fut évident que les Allemands avaient décidé de défendre la ville. C'est alors que nous perdîmes toute notion du temps. Les journées mortelles, angoissantes, se succédèrent avec une lenteur accablante. La batterie de D.C.A. mobile, aboyant sans cesse devant la maison, attirait le danger sur nos têtes. Ce petit canon monté sur un camion ne pouvait faire grand tort aux avions ennemis, tout au plus les agacer. Il tirait une salve ou deux, puis s'enfuyait et recommençait son petit jeu une ou deux rues plus loin, pour revenir à nouveau. Les lourds bombardiers russes passaient au-dessus des maisons dans un fracas de tonnerre et déversaient leurs projectiles au petit bonheur, cherchant l'ennemi qui jouait à cache-cache avec eux. Dans cette partie de colin-maillard macabre, c'est nous qui portions le bandeau ! Les yeux fermés, la face ensevelie dans les mains, nous guettions le passage des avions et nos doigts tremblants tâtaient anxieusement les murs suintants. Ces pierres résisteraient-elles indéfiniment à des secousses aussi violentes ?

 

Extraits de presse

Le Figaro, 18 décembre 1954 "Les épisodes dramatiques et pittoresques sont nombreux et l'auteur sait mettre à les raconter, affirmaient les membres du jury, un accent nouveau, prenant et inoubliable."

Combat, 18 décembre 1954 "Des pages émouvantes où le pittoresque le dispute au dramatique."

Le Journal du Centre, Nevers, 21 décembre 1954 "Il s'agit d'un extraordinaire récit des souffrances,des angoisses éprouvées (…). Les épisodes se succèdent, dramatiques ou pittoresques. Chaque personnage est là, dépouillé de toute convention sociale, dans sa vérité même. (…) Un accent nouveau, prenant, inoubliable. Pas de considérations politiques, en effet, pas d'effets littéraires non plus. C'est la guerre elle-même, en ce qu'elle frappe les victimes civiles. C'est l'humanité déchirée, vue par les yeux de la jeunesse "qui ne veut pas mourir". C'est comme une sorte de victoire de la jeunesse sur la mort."

L'Alsace, Mulhouse 16 juin 1955 "Il y a quelques semaines, le jury du prix Vérité, que préside Georges Duhamel, découvrait, parmi les manuscrits qu'on lui avait soumis, un texte court, mais d'un accent tout à fait émouvant. Une vraie personnalité d'écrivain s'y révélait. (…) Le style est net. Point de surcharge. Un instinct très sûr de ce qui est important, du détail caractéristique et à portée générale. Ce tout petit livre est à retenir parmi ceux qui auront plus tard le mystérieux pouvoir d'évoquer les grandes misères de la dernière guerre."

La République, Toulon, 27 juin 1955 "Ce bref volume restera parmi les trois ou quatre ouvrages qui, grâce à leur qualité littéraire, auront plus tard le mystérieux pouvoir d'évoquer le drame de notre époque."

Bulletin critique du livre français, août 1955 "Ce témoignage hallucinant des souffrances que la guerre entraîne même pour ceux dont elle épargne la vie est apporté au monde par une jeune Hongroise, maintenant exilée en France. Après tant de livres écrits sur la dernière guerre, celui-ci a un accent de simple vérité qui nous touche tout particulièrement. Les notes auxquelles il se réfère ont été prises par une fillette qui alliait au sens aigu de l'observation une grande loyauté envers elle-même. Ses dons d'écrivain apparaissent dans le court récit de l'agonie de Budapest et font de son récit une œuvre marquante où le réalisme voisine sans effort avec la plus haute spiritualité."

© Christine Arnothy