Une rentrée littéraire-2004

 
 
Titre original
  Une rentrée littéraire

 

 

© Fayard

 

 

 

Titre original

 

Une rentrée littéraire

Éditeur Fayard
Lieu d'édition Paris, France
Année de l'édition 2004
Année du copyright

2004 (Fayard)

Langue Français
Genre Roman
 
 
 
 

Présentation du livre par l'éditeur

Le personnage principal de ce roman violent, tendu, énigmatique, plein d’un humour cruel, est un éditeur parisien. Un homme apparemment paisible. Il ne l'est pas.
 
À la toute jeune femme qui lui apporte le manuscrit de son premier roman, l'éditeur au bord de la faillite, prêt à tout pour sauver sa maison, répond que les lecteurs préfèrent les enquêtes sur des faits divers bien sordides et surtout les confessions de vedettes, de préférence évoquant des drames de viol et d'inceste.
 
Elle voudrait lui laisser son manuscrit, il le refuse. « Je le lirai peut-être un jour, dit-il, si vous me faites un livre bref, avec repérage sur le terrain, sur un meurtre célèbre en Haute-Savoie. » Géraldine le hait, mais si elle ne feint pas de s'accommoder au goût de ce petit industriel du papier, elle n'aura guère d’autre ouverture vers une publication. Géraldine construit un piège. Oui, elle va faire une enquête, mais sur l’éditeur. Le centre de cette action clandestine sera Senlis, où celui-ci possède une vieille ferme transformée en forteresse. La jeune femme fait parler les voisins. Elle utilise la méthode conseillée par l'éditeur pour entrer dans un univers secret. Elle fait alors irruption dans un monde de ténèbres. Comprendra-t-elle à temps qu'il vaut mieux avoir la vie sauve qu'être publiée ?
 
On peut évoquer une atmosphère à la Hitchcock, sinon à la Brian de Palma. Peut-être. Mais le monde noir et inquiétant de Christine Arnothy est éclairé par des éclats de rire. Ce roman passionnant s'adresse à un public avide d'évasion, qui peut aussi se faire, grâce à ce miroir grossissant, une idée d'un certain milieu littéraire parisien.
 
Sûre de son destin d’écrivain, Géraldine traverse la jungle littéraire. L'époque décrite n’est pas glorieuse, mais peut être ici et là étonnamment pure, ne fût-ce que pour quelques secondes. Le temps de reprendre son souffle, pour continuer à lire.
© Fayard et Christine Arnothy

 

Extrait  

Chapitre 1

Géraldine franchit la porte cochère et traversa la cour pavée. Au fond de cet espace clos se trouvait le quartier général des éditions Eberlé. Pour aider la jeune femme, un complice avait laissé ouvert le portail de l'immeuble. Selon la rumeur, afin de montrer l'exemple à ses employés et de souligner la difficulté des temps de crise, le patron restait souvent à l'heure du déjeuner pour travailler.
 
Son lourd manuscrit sous le bras, Géraldine monta vers l'homme de qui allait peut-être dépendre sa réussite. Après que son roman eut essuyé plusieurs refus, elle allait enfin connaître un éditeur en chair et en os. Serait-il agacé d'être surpris de la sorte ? Il était sujet, disait-on, à de violentes colères. C'était le risque à courir. Jusqu'à ce jour, Géraldine n'avait jamais pu arriver plus loin que le standard ou le hall de réception d'une maison d'édition, le but de ses rêves.
 
Au troisième étage, elle traversa une sorte de vestibule encombré de classeurs, puis une pièce où des étagères surchargées de livres touchaient le plafond. Il restait une porte. Elle y frappa discrètement, puis, faute de réponse, d'une manière plus énergique. Après quoi elle pénétra dans le bureau.
 
Eberlé lisait un roman policier traduit de l'anglais. L'action était passionnante. Une piscine somptueuse. Près du bord, la propriétaire de la villa, essoufflée après une ou deux longueurs, cherchait à sortir du bassin. Un intrus portant un masque aussi noir que la nuit environnante lui empoignait la tête et la maintenait sous l'eau. La femme serait-elle sauvée ? Et par qui ? Ou noyée, victime d'un meurtre ? Qui avait intérêt à…
 
Obligé de quitter sa lecture, Eberlé leva la tête et dévisagea Géraldine. Il referma son livre et le fit disparaître sous des documents chargés de chiffres désastreux.
 
– Vous voulez quoi ? demanda-t-il à la fille.
 
Elle avait des yeux somptueux dans un visage sans intérêt. Elle avança doucement et tendit sa main libre à l'éditeur, qui ignora le geste.
 
– Pardonnez mon intrusion. Il n'y avait personne en bas, je n'ai pas pu vous faire prévenir. La porte était grande ouverte…
 
– Mais vous voulez quoi ? Vous croyez qu'on a le droit de déranger quelqu'un n'importe quand ? Qui vous a refilé le tuyau que je serais là ?
 
– Personne. J'imaginais attendre jusqu'à quatorze heures et me faire annoncer. J'étais un peu en avance…
 
– En avance ? Pour quoi faire ?
 
– Vous remettre personnellement mon roman.
 
– Votre roman ? Mais d'où sortez-vous ? De quel bled ? Il y a des règles à respecter. Un manuscrit doit suivre le chemin classique : courrier, service des lecteurs, rapport…
 
– Je voulais aussi vous rencontrer pour vous parler, dit-elle. Mon roman risquait de se perdre… Le voici…
 
Elle lui montra la masse de feuillets qui débordait presque du classeur.
 
– Double interligne…
 
Il repoussa son fauteuil en arrière. Ses yeux marron foncé étaient près de sortir de leurs orbites, il serrait les mâchoires. Et si cette fille le filmait avec une caméra cachée ? Ça se faisait de plus en plus. Enregistrait-elle l'entretien avec un magnéto dissimulé dans le fourre-tout qu'elle portait en bandoulière ?
 
– Roman, répéta-t-il pour gagner du temps. Roman…
 
Son crâne chauve brillait.
 
– Quel âge avez-vous ?
 
– Vingt-trois ans.
 
Elle faisait plus jeune. Sa peau était délicate, couleur de lune. Il vit une fine veine, comme tracée au crayon sur son cou. Fasciné par les cous élégants, il aurait aimé soudain s'approcher et parcourir du bout des doigts la ligne bleue. La jeune femme lui apparut nue, ligotée sur un lit à l'aide de larges bandeaux. La caresser. Juste la caresser. Affaire de proximité épidermique.
 
Géraldine était désemparée par ce silence tendu. Fallait-il partir ou tenter d'engager la conversation ? Au risque de s'attirer une remarque désagréable, elle dit :
 
– J'ai toujours écrit, monsieur Eberlé. Je voulais obtenir un doctorat en archéologie, mais j'ai dévié vers les lettres. Deux ans de Sorbonne. J'ai aussi suivi des cours de psychologie, que j'ai abandonnés…
 
Eberlé l'entendait à peine. Dans son fantasme, les images étaient d'une rare précision. Nue, elle avait cependant gardé ses chaussures à talon haut.
 
– Merci de m'écouter, continua Géraldine. Vous avez la réputation d'encourager les jeunes talents.
 
Eberlé refit surface et prit un ton professoral :
 
– Jeune fille, quand vous erriez dans les couloirs des différentes universités, personne ne vous a refilé d'informations sur l'état actuel de la littérature dans notre cher pays ? Le roman français est mort. Vous, vous portez un cadavre sous le bras…
© Fayard et Christine Arnothy

 

Extraits de presse

Le Parisien – Aujourd'hui en France, 23 août 2004, François Vey
« (…) un tableau corrosif des mœurs littéraires (…). Aussi prenant que jubilatoire. »
 
Le Monde, 27 août 2004, Pierre Kyria
« D'une fine satire des combines éditoriales, d'un portrait d'une cruelle acidité, on passe (…) à une cruelle danse de la mort, haletante et envoûtante. »
 
Le Nouvel Observateur, 2 septembre 2004
« À la fois thriller et pochade burlesque, le livre de Christine Arnothy s'avère plus efficace que toutes les diatribes pour stigmatiser la déliquescence du petit monde clos des lettres. »
 
Le Parisien – Aujourd'hui en France, 2 septembre 2004, Pierre Vavasseur
« (…) un récit gigogne qui joue aux quatre coins avec le lecteur. Ce dernier est tantôt aux petits-fours, tantôt aux moulins d'un imaginaire totalement débridé. »
 
Sud Ouest Dimanche, 5 septembre 2004, I. de Montvert-Chaussy
« Drôle, perfide, Christine Arnothy va encore plus loin que dans "Complot de femmes" dans la causticité et la raillerie. »
 
Le Progrès, 9 septembre 2004
« (…) une réjouissante promenade dans un milieu dont Christine Arnothy connaît les arcanes mieux que quiconque. »
 
Paris Match, 9 septembre 2004, Emmanuelle de Boysson
« (…) un thriller décapant et jubilatoire (…). »
 
Marianne, 18 septembre 2004, Alexis Liebaert
« (…) le roman le plus corrosif et le plus réjouissant de la rentrée sur le milieu germanopratin. »
 
DNA, 18 septembre 2004
« (…) un beau pavé dans la mare. »
 
La Dépêche du Midi, 19 septembre 2004, Sophie Vigroux
« C'est drôle et cynique à la fois. Christine Arnothy s'impose en virtuose du dialogue (…). »
 
Pèlerin, 23 septembre 2004, Virginie Clément
« Un roman passionnant, qui décrypte les arcanes de l'édition. »
 
Le Républicain Lorrain, 3 octobre 2004, Nickie Bardat
« Dans un contexte préoccupant (…), les héros de Christine Arnothy s'insèrent impeccablement dans la réalité de l'édition. »
 
Le Populaire du Centre, 8 octobre 2004, Christian Signol
« Il ne manque pas de sel, ce roman de Christine Arnothy (…). »
 
Télé 2 semaines, 11 octobre 2004
« Un roman sombre et croustillant. »
 
Gael, octobre 2004
« Dans ce tableau très réussi des mœurs du milieu littéraire, <Christine Arnothy> force le trait et fait feu de tout bois : personnage glauque et amoral, héroïne intrépide, crimes, atmosphère oppressante… »
 
Liberté de l'Est, 29 octobre 2004
«  (…) l'auteur nous tient en haleine jusqu'à la toute dernière page (…). »
 
Etudes, novembre 2004, Marie-Noëlle Campana
« D'un style parfois dévastateur, plus caustique que violent, Christine Arnothy dresse avec une audace pleine d'intelligence un état des lieux inquiétant de l'édition "gangrenée" par la course aux prix et "aux coups médiatiques". Si l'auteur s'amuse indéniablement – et nous aussi –, elle tire une sonnette d'alarme, qui fait frémir le lecteur gardant en mémoire les conseils d'Eberlé : "du vécu"… »
 
Soir Magazine (Belgique), 10 novembre 2004
« À lire avec jubilation. »
 
L'Essor Sarladais, 15 novembre 2004
« (…) un portrait au vitriol du monde de l'édition. »
 
Femme actuelle, 6 décembre 2004, Brigitte Kernel
« Ce livre, où chaque phrase se présente tel un boulon resserrant l'intrigue, est d'une maîtrise totale. »
 

 

© Christine Arnothy